1996 : Manu le toulousain va au TT en passant par les Coupes Moto Légende Alors voila, nous sommes donc partis le vendredi matin au chant du coq avec le soleil. Nous ne savions pas encore que nous le quitterions des le lendemain et pour un bon bout de temps. D'entree, je vais regler le probleme du temps, comme ca je n'aurais pas (trop) besoin d'y revenir. On aurait espere une meteo clemente de bout en bout, mais c'est pas vraiment ce qui nous attendait. Pluie, froid, vent ont ete bien plus souvent au rendez-vous que le soleil et la chaleur (que je n'ai retrouve que vers Tours au retour). Biensur on n'allait pas a Ibiza et on n'allait pas rouspeter. Et entre nous j'avais plus de pulls que de T-shirts ;-). Mais quand meme, de la a passer des journees entieres (et presque les nuits) avec 4 epaisseurs (du T-shirt a la polaire) plus la combarde de pluie plus le barbour et se cailler quand meme (a Creg Ny Baa, le premier jour)... Pas ingrate, l'Ile nous a quand meme servi un beau soleil et du ciel bleu (pour la chaleur, tout est relatif) sur la fin du sejour. De quoi prendre quelques couleurs (et meme des coups de soleil !). Je commence par ca parce que c'est la seul grosse ombre (si vous me le permettez) au tableau. C'est toujours moins bien quand on quitte le presque ete pour se retrouver au debut du printemps (voire la fin de l'hiver) en camping et dehors toute la journee, quelques fois sans pouvoir bouger. Mais bon, c'est dit. Donc, une route super sympa jusqu'a Paris par tout sauf la N20. Cela dit, les routes au dessus de la Loire sont chiantes a force d'etre tout droites. Mais ca permettait de se refaire sur les portions sinueuses du cote de Cahors. D'ailleurs, en passant, je vous recommande une portion sur la 20 (quand meme un peu) entre Cahors et Brive ou plus exactement entre Payrac et Lanzac qui virole d'enfer. Coupes Moto-Legende Arrives tard a Paris mais pas vraiment nases on a joue les prolongations chez les potes qui nous accueillaient. Le lendemain : Les coupes Moto Legende a Monthlery et Michel qui etait inscrit pour tourner avec le Commando sur l'anneau. Evidemment, on a loupe la 1ere serie (reveil difficile :-) et d'ailleurs il pleuvait, donc Michel n'etait pas trop chaud pour aller s'etaler sur le circuit... Heureusement, on avait rencard avec notre pote Thierry qui vend des plaques emaillees et peintes et qui est aussi l'heureux proprietaire d'un Commando MkII monte John Player Norton (JPN) et qui nous a heberge sous ses "parasols". Pataugeage dans la boue, commentaires sur les merites du Sud et du Nord, etc... Et puis, dans l'apres-midi, on entend annoncer au micro la Honda-6 (250cc). Notre sang ne fait qu'un tour et arme de mon Nikon, on se lance vers les stands, pas tres loin d'ou on etait. La voila qui passait justement, poussee par Nobby Clark himself (le mecano de l'epoque) moteur coupe, en direction des stands. On suit a faible distance, s'attendant a chaque metre a se faire jeter par un bulldog et on arrive sur la piste derriere la becane alors que Dave Ropper la demarre a la poussette. Et la, dans un silence religieux, a 5 metres de nous, elle s'est animee. A combien elle tournait pour chauffer, je n'ai pas regarde, trop incredule de pouvoir etre la avec mon appareil si pres (d'autant qu'on s'approchait toujours). Mais deja vite (en "circulation", elle cale en dessous de 7000 trs/mn, on a pu le verifier). Le son ? Avec ses 6 pots, Jean-Louis le disait (pour la Benelli Sei) : de veritables orgues. Je m'attendais a un bruit tres aigu, c'etait rauque. Et plein. A un metre derriere les pots qui fumait un peu, je prenais des photos avec les oreilles et le cerveau completement en phase vibratoire. Elle est restee comme ca au meme regime pendant longtemps, la petite reine. Les montees en regime ensuite etaient tres nettes, elle tournait rond mais on sentait que des les gaz coupes tout tombait tout de suite, aucune inertie dans le moteur (vous avez deja vu le vilo ? les masses d'inertie sont presque inexistantes). Ropper est monte dessus, a passe un rapport et elle est partie alors que tout le monde avait le souffle coupe. Ensuite, silence total parmi les milliers de spectateurs, pour ne pas louper une seconde de ce bruit magique sur le circuit. On a pu l'entendre passer partout et quand elle est reapparu pour passer une chicane placee juste avant les stands, elle a cale. C'etait completement irreel, cette petite moto qui roulait sans plus faire de bruit. Ropper l'a redemarree sur sa lancee et elle est repartie pour un autre tour. A son retour, on etait toujours devant les stands et elle s'est arrete devant nous. Photos. Ivresse. Le lendemain, quand elle est retournee sur la piste, personne ne pouvait aller dans les stands et elle s'est enteinte a l'autre bout du circuit sans plus repartir. C'etait fini pour elle, pour ce w.e. Le Team Obsolete (US) qui l'avait presentee, avait aussi des MV 3, 4, et 6, une Benelli 4 et tout ca a fait ses petits tours pour le plus grand plaisir de tous, accompagnees par les MV du Team Elli (Italie). De grands moments pour les afficionados (que nous sommes). Une MV est meme allee tater du bitume, ces engins ne sont pas la pour amuser la gallerie, les mecs dessus envoyaient pas mal avec. Et puis, aussi toute cette foule d'anonymes venus avec certains de vrais bijoux (une Vincent/Egli a tomber par terre, par exemple) et qui cartonnaient litteralement sur le circuit dans des bastons dignes de l'AFAMAC. Une bonne entree en matiere, des amuses-gueules comme il faut avant le TT, nous disions nous. Michel est alle 2 fois sur le circuit, la 2eme, il n'aurait pas fallu qu'il y ait plus de tour, je me disais qu'il allait finir par aller au TT sur l'arriere de ma selle s'il ne se calmait pas... Et pour la grande parade de fin, Michel, grand, m'a passe le Norton pour aller faire quelques tours (a 40 derriere 5 motards qui bouchaient) sur ce circuit mythique. Le soir pour rentrer, en arrivant a Paris, le Norton s'est alors mis a peter comme un malpropre, nous laissant suspecter un probleme d'allumage (electronique Boyer)... Il ne manquait plus que ca ! Heureusement, il ne pleuvait pas a ce moment (quoique !). Le lendemain matin, on trouvait la cause : un fil de l'allumage s'etait dessoude pres d'une cosse, coups de ciseaux, epissures, scotch et paf, il pete plus haut a la soudure sur la plaque du circuit imprime. Heureusement, on a pu avoir un fer et de l'etain tout de suite et le tout etait joue --pour l'instant... :-/ L'Angleterre C'est donc la tete deja bien infectee de bruits, odeurs, sensations diverses qu'on a quitte Paname (sous la pluie) direction Caen pour aller attraper le bateau pour Portsmouth. Et la perspective d'une bonne nuit sur le bateau me faisait plaisir d'avance. Elle fut bonne mais courte : reveil a 5h, arrivee a 6. Nous voici donc a faire nos premiers tours de roues sur les routes anglaises et nous nous dirigeons tout de suite vers (non, pas un pub) New Milton, petite ville ou le grand Sammy Miller a monte son musee de becanes. Comme on avait le temps (avant l'ouverture du-dit musee), on s'est pris les petites routes a travers bois. SUPERBE region, d'autant que le soleil brillait (a noter). Petit village avec des stations a essence dignes des vieilles pub Triumph, petits lacs a canard et cygnes, faisans, poules faisanes au bord des routes (oui !... et ils ne s'envolent meme pas), vaches (pas si folles), chevaux et poneys en totale liberte. A 60, tu vas tres vite sur ces routes... Le musee de S.Miller (il a aussi un magasin plein de becanes sympas) vaut vraiment le detour : farci de vieilles becanes de course surtout, moteurs --dont un 50cc 4 cyl. adorable--, avec un tres bon accueil par quelqu'un que je n'ai pas identifie mais qui doit porte un nom connu vu la richesse de ces propos et anecdotes. Il y a de tout puisque Sammy a tout fait. A noter que ce musee est dans de nouveaux locaux superbes : un vieux corps de ferme retape en pleine campagne. A un moment, on entend ronfler un moteur dans le lointain et immediatement on s'est demande ce que ca pouvait etre, le son paraissant un rien "exotique". Comme il se faisait de plus en plus proche on est alle voir par une fenetre ce qui arrivait : une NSU Sportmax 250cc (~1955) carennee course, echappement libre, bref une machine de course (de S.Miller) qu'un mecano essayait avant de l'envoyer... sur l'Ile de Man pour le tour d'honneur des anciennes apprenait-on. Il parait qu'elle ne tournait pas tres bien... Je m'en serais contente ;-) Un fish'n'chips de plus dans le gosier et nous voila partis vers Liverpool par le Pays de Galle, la meteo ne nous engageant pas vraiment a viser l'Ecosse (next time, maybe). C'est la que les choses se sont aggravees justement cote meteo en GB. Le Pays de Galle doit etre tres sympa et nul doute que la region est belle, mais sous la pluie on aura au moins apprecie les cafes et autres pubs... Le dedale de Liverpool nous aurait bien amuse au matin de l'embarquement si nous n'avions ete juste un peu en retard, presque a court d'essence (pour moi) et sous le crachin. Les indications routieres GB deroutent nos habitudes de frogs : de temps en temps elles indiquent les villes comme chez nous, puis la fois d'apres c'est les nom des routes ou les noms des petits bleds (mais *sans* ceux des grands), bref il est imperatif de savoir par ou tu passes, sinon tu risques de tourner un peu (de te perdre carrement). Finalement on a trouve le ferry en suivant deux becanes chargees, immatriculees en GB, parce que les autres etaient comme nous : on les croisait puis on allait comme eux puis on les recroisait... Il parait qu'a Heysham c'est facile de trouver le ferry. L'Ile de Man Traversee calme entre motard de tous horizons avec programmes du TT en vente pour prendre son mal en patience. Debarquement sur l'Ile au milieu d'une meute d'autres becanes toutes alignees le long de la promenade de Douglas sur le front de mer. Combien peut-il y en a voir ? Des milliers, partout. Direction le camping (ce sera Glen Dhoo) pour planter, et c'est parti !... Et nous voila donc sur le sol mythique de l'Isle of Man, dans un troupeau de becanes en tous genres. Vroum, vroum, vraaoummm. Tout de suite, trouver le camping, a l'interieur du circuit nous conseillait Ted, alors on tourne, on tourne, on tourne et marre ce sera Glen Dhoo a un coup de piston de Hillberry et de Douglas : faut prevoir les retours de Douglas le soir par temps de pluie et pas etre trop loin... On a plante la tente en plein "practice" : tous les jours de la semaine qui precede les courses, il y a 2 creneaux horaires ou la route du circuit est bloquee pour que les pilotes et leurs machines, par categories, aillent se faire la main. Il y a presque autant de monde a les mater que pendant les courses. C'est pas etonnant c'est presque le TT avant l'heure. Un practice en milieu d'apres-midi et un autre... le matin a partir de 5 heures. Ca fait drole en plein sommeil d'entendre les petoires s'enquiller a donf' la route qui passait en bas du camping. Bref, la tente plantee, on enfourche nos becanes et on part se faire un "tour" de reconnaissance juste apres le practice. Nous voila donc sur le circuit a Douglas... La regle a savoir c'est : dans les agglomerations, des le panneau 30 (m/h !) il faut piler pour tomber a 50 (km/h), sinon gare au copper avec son fuzz, un petit pistolet radar. Originalite, c'est lui qui fait tout : il te chope avec son radar a distance et t'alpague dans la seconde qui suit en sortant de son terrier comme un petit diablotin. Argh ! Par contre, des la sortie de l'agglomeration, au panneau fin d'interdictions : tomber deux rapports et gaaaaazzz !!!!! Au debut, tu te dis : calmos c'est un tour de reconnaissance, je voudrais quand meme voir ou je suis et patati et patata. Au bout de 10 bornes, deja tu te surprends a doubler (des attardes sans doute...) et en meme temps t'es double par un vide de la tronche sur un bout de plastique (un allemand, Ted !, surement un allemand !). Mais heureusement, le train de senateur du Norton limitait les debordement de mon Zeph' ;-) D'ailleurs, on est passe a Ballaugh Bridge (la ou ils sautent sur plus de 10m (de longueur !), archi connu) presque sans s'en rendre compte. Juste ca surprend un peu, mais quand tu te dis qu'ils enquillent ca a fond, tu descendrais immediatement de peur ! J'y suis repasse "un peu" vite (c'est en "ville") et elle jette vraiment bien la bosse et en plus en pleine sortie de virage et en virage elle meme avec un virage juste apres... Donc calmos, sauf quand ce Bimota DB2 m'a passe en ronronnant. Allons voir ca de plus pres. C'est la que tu t'apercois que beaucoup font surement plus de bruit que toi (j'ai tjs les pots d'origine...) mais vont pas si vite. Avec un DB2 a 10 boules, tu dois toujours penser plus a ton compte en banque qu'a ta securite propre. Bref, je le croque sur un freinage mou et je vise un peu plus loin un 1000 CBR (comme le tien Jean-Louis). Entre temps, dans un bled, deja une becane (FZR) par terre, Michel me dira qu'il y avait aussi un mec par terre... C'etait du cote de Glen Helen et je le rejoins (le CBR) avant qu'il ne m'apercoive. Ca y est il accelere, je suis accroche a sa selle et en avant la musique. Quelques virages longs et une ligne droite ouverte : 180 sur une route digne d'une bonne departementale chez nous. Ca baigne mais v'la t'y pas qu'il faut freiner a cause d'un droite un peu bouche qui se pointe la-bas... Le casque se met en phase avec la fourche qui suit au millimetre pres chaque bosse de cette putain de route qui va finir par me planter. Le CBR a 10 metres devant moi semble ne pas avoir la roue AR qui drible comme la mienne et prend ses bons 20 cms de balayage. Rien a faire, les suspensions de ce Zeph' sont pas bonnes, non pas bonnes : faut se calmer avant de se recher. Je laisse filer le CBR et decide d'attendre Michel (on s'laisse aller par momment...). Le voila justement et on arrive a Ramsey : apres c'est la montagne le top du top local. Ca commence par deux trois virages serres (hair pin, goose neck) en montee et puis ca allonge. On pense inevitablement a la montee sur Andorre apres Axe, c'est force, avec moins de caisses et beaucoup beaucoup plus de becanes (ils sont tous la : mais comment font-ils ? reponse plus tard !) Et la, dans la montee c'est chaud, bien que tres froid et alors un vent a decorner les cocus ce jours la, presque dangeureux et en pleine poire. A fond de 4 pas mieux que 160. Et ca double... Je croque un 900 Trident (Michel ? euh, il suivait pom pom pom...) conduit par un mec, euh disons tres fort (je sais que Laurent lit ! ;-) a tel point qu'on l'aurait dit sur une mobylette... Et quelques autres attardes encore. Par moment, tu rentres tellement (un peu trop) fort dans certains virages (oui, c'etait la premiere fois, et alors, quand tu vois un type rentrer 20 ou 30 km/h plus vite que toi, tu te dis qu'il y a de la marge, mais quand tu le vois sortir presque completement a droite --rappel : on conduit a gauche et c'etait pas sens unique, seulement Mad Sunday-- tu te dis que il y avait pas tant de marge :-))), tu rentres tellement fort, disais-je, que tu te dis que t'es VRAIMENT aussi con que ceux que tu traites de cons... Mais enfin. Je lache un peu et attaque la descente vers Douglas. Dans le troncon de ligne droite qui amene a Cregg Ny Baa le gros sur son Trident met un point d'honneur a me gratter pour couper juste devant moi. Bof ! Si ca lui fait plaisir. Je roule plus depuis que j'ai vu d'en haut le celebrissime pub qui fait l'angle a Cregg Ny Baa (il est sur toutes les photos). Je decide (comme des dizaines d'autres) de m'y arreter pour attendre Michel et me faire une lager). Michel arrive et comme depuis quelques jours deja, a du mal a trouver le point mort. J'y arrivais mieux que lui les coups d'avant, pendant qu'il tournait la roue AR ou donnait des coup de kick, mais cette fois-ci rien a faire. En combien est-elle ? Oh en 4 sans doute. Bon on va s'en jeter un (ce sera une bitter) et on verra ca plus tard. Verdict : boite bloquee en 4. Ca descend pour retourner a Douglas et un demarrage en poussette du Norton en plein apres-midi devant ce joli parterre de bikers n'est pas sans mettre un certain charme au tableau. Au camping, on ouvre le carter selection de la boite (BTW, c'est tout des boulons en cotes anglaises, ATTENTION pas unified, anglais nuance ! c'est pas pareil du tout. Et encore pour la partie cycle c'est de l'unified par contre...). Un ressort de selection est pete (y'en a deux sur cette selection on ne peut plus compliquee, les japs allaient mettre de l'ordre quelques annees plus tard...) Il nous reste a retourner dans un pub pour reflechir a la suite a donner a cet evenement : on repare ou on jette la becane dans un fosse ? Ce sera le Bushy's (qui sert la Bushy's The ultimate throat lubricant). Deux pannes sur le Norton en 2000 bornes, rien d'extraordinaire. D'autant que ces pannes ont toujours eu lieu "au bon moment", c'est a dire pas dans des coups de bourre, juste avant de prendre un bateau par exemple. Apres tout, il nous restait plus d'une semaine avant notre depart et avec le Zeph' on pouvait tourner. Le lendemain on est alle chercher ou etait le Norton Dealer de l'ile, pensant qu'il se devait d'y en avoir un. Que dalle. Avec les courses qui commencaient, il fallait interrompre ces recherches pour aller se placer. En general, 40' avant l'heure annoncee de la premiere course, toutes les routes donnant sur le circuit sont bouchees et le circuit est interdit de circulation. Apres, il faut attendre que la meteo soit correcte pour que les departs soient donnes. Quelque fois c'est jusqu'a 4 heures d'attente, au meme endroit, parfois sans pouvoir se lever de peur de perdre la super place difficilement acquise (ou payee). Remarque, c'etait pareil au Bol pour pouvoir voir le depart d'un bon endroit... Mais la, c'est tous les deux jours, deux fois par jour pareil. Avec une meteo tres froide le 1er jour, ca commencait vraiment dur ! Cela dit, il est possible de se deplacer sur l'ile pendant les courses par toutes les routes en dehors et en dedans du circuit. Mais c'est assez limite, il n'existe qu'un tunnel, pas indique pour un rond, pour passer sous la route a Douglas. On l'a trouve parce que Ted m'en avait parle mais presque par hasard et apres avoir pas mal tourne et intuite... Meme en demandant aux autochtones c'etait pas evident. Dans les faits, une heure avant l'heure annoncee de la course tu decides ou tu vas te placer et tu y files. Apres, tu patientes a coup de tasses de the ou de boite de biere (suivant la meteo) et de burgers. Partout, il y a des haut parleurs et/ou des mecs avec des radios qui annoncent les retards, les departs et les positions. Meme en francais de temps en temps (comme en allemand d'ailleurs). Donc la 1ere course, le TT Formula I, on l'a vu a Cregg Ny Baa, un endroit bien connu mais qui s'avere plutot froid, d'autant qu'il y avait pas mal de vent et des grains... Finalement, apres plusieurs heures, la montagne s'est degagee et le soleil a timidement perce les nuages : depart donne. Cregg Ny Baa est plutot vers la fin du circuit, il faut attendre un bon 1/4 d'heure avant de voir DEBOULER le numero 1 (Mc Callen, si je me souviens bien) dans la descente qui mene a ce droite en descente aussi devant le pub suivi encore d'une longue ligne droite en descente. Tension maximale. TRES IMPRESSIONANT. Dans la 1ere descente, il y a un petit seuil et pas mal des mecs vont tellement vite qu'ils levent la roue avant. Quand je l'avais pris je ne m'en etais meme pas apercu... C'est par la suite que j'avais "senti" le petit plat, de la a lever la roue. Quelqu'un m'a parle de plus de 300 kms/h dans cette portion en decsente ou la suivante. La Britten etait du lot et c'etait evidemment la 1ere fois qu'on la voyait. Impressionante aussi, mais pas aussi au point que les 3 ou 4 premiers. Au bout de quelques tours (6 en tout), les premiers prennent un tour au dernier : ambiance. Une constante durant toutes les courses et quelque soit l'endroit : a chaque passage des premiers tu as comme un instant de flip, un pincement. C'est sensiblement different des SBK ou des GP. Sur ce circuit, il ne peut y avoir d'erreur ou c'est la mort assuree : une route que je qualifierais de bonne departementale, avec en general un talus d'un cote et un muret de pierres de l'autre, si c'est pas des trottoir ou des barrieres en fer forge... Biensur, ils ne se la donnent pas aussi fort qu'en GP, mais franchement il ne vaut mieux pas d'une part et ensuite ca serait pas forcement plus impressionant. Un genou par terre sur une departementale c'est suffisant. J'en ai vu, alors qu'ils prenaient un virage le long d'un mur, relever la tete pour "esquiver" le mur justement. Ca passe a 10 cms. Bref, tu ne vois pas le temps passer et c'est la fin. C'est pas trop difficle de suivre pour les 3 ou 4 premiers, par contre les suivants... A la fin, il faut attendre la caisse "open roads" qui se fait plaisir pour indiquer la reouverture des routes. Alors la attention ! Les plus feles des spectateurs enquillent immediatement le circuit pensant qu'il n'y a pas grand monde et bourrent. Tiens en passant, je me rappelle que je ne vous ai pas dis comment les mecs faisaient pour etre si nombreux sur la portion de la montagne (~600 m, mais bon) sans en voir un paquet dans le sens inverse. Ils ne font pas tout le tour (37,73 m soit ~61 kms) mais reviennent par la route de la cote via Laxey (la ou il y a la celebre roue qui pompe la mine en dessous), route d'ailleurs bien sympa aussi. Apres, le Formula I il y a eu la course des sidecars A et la, il faut dire que les sides ca n'a rien a voir avec les classes solo, mais rien. C'est beaucoup plus impressionant et meme plus impressionant que les becanes solos. C'est TRES TRES TRES beau. Le 1er a d'ailleurs battu un record je crois alors que les conditions meteos n'etaient pas du tout favorables. Bref, c'est tout ragaillardis qu'on a quitte Cregg Ny Baa (apres une biere quand meme) et retrouve le Zeph'. A ce sujet, et partout quelle que soit l'heure, tu peux laisser la becane sans antivol avec la combarde de pluie sous le filet sur la selle, les gants sur le moteur (a secher !) sans crainte. J'ai meme laisse le casque sur le retro par moment. Tout le monde fait pareil et personne (j'ai pas verifier chez les bourres) ne taxe. C'est bien cool. Et pour la boite du Norton, de fil en aiguille, a chercher dans les parcs coureur, dans une bourse dont il etait question et qu'on a jamais trouve, et a droite a gauche, on a fini par commander le ressort dans un petit magasin qui a bonne reputation la-bas (Road and Track) et on l'a eu le lendemain. Selection d'equerre, le Norton n'aura plus d'autres soucis que certains devissages intempestifs (ca vibre un Commando ?). En attendant, on a merde un peu et on aurait mieux fait de commander immediatement (le vendredi), on l'aurait eu le samedi et Michel aurait pu faire le Mad Sunday avec et participer au Norton Owner's club meeting du lundi suivant, choses qu'il a faites mais a l'arriere du Zeph'. Bad luck. Le dimanche qui suivait etait le Mad Sunday : le jour ou la section de la montagne est mise en sens unique, pour la plus grande joie de tous les amoureux du road racing. La partie du circuit la plus chaude ce jour la aussi. C'est aussi la seule qu'on se sera faite, laissant le reste pour plus tard (sans doute plein de radars), a 2 sur le Zeph'. Michel dira apres que bon, il avait confiance (pretendant meme que mon pilotage lui convenait, merci), meme si... En en discutant apres avec des potes francais rencontres la-bas (dont Thierry le mec qui tient le Hein Gericke a Toulouse), je me suis apercu que je devais etre le seul a oser regarder dans les retros dans cette portion. Je trouvais ca indispensable quand a 160 en montee tu dois doubler un type a 130 alors qu'ils arrivent a plus de 200 derriere. J'ai toujours preferre les voir passer a ma droite (on est en GB !) qu'a gauche... Pour une fois, le temps a ete sympa, voire assez beau (ca n'allait pas durer) et on a fini ca au pastaga avec les potes sus-cites et ensuite au BUSHY'S et dans une boite pas geniale (on trouvera notre pointure un peu tard, vers la fin du sejour), le Tardy's apres avoir sombre un soir au Summerland, veritable usine a boire comme jamais, ou l'election de Miss wet T-shirt avait lieu --moyennant 7 livres l'entree (mais on n'a pas paye ;-)-- c'etait d'un piteux, mes amis. J'aurais voulu rentrer tout de suite a la maison tellement c'etait deprimant !). Je passe un peu sur les courses, qui sont aussi intenses et belles que peu racontables. On s'est place a tout les coups a des endroits assez differents (c'est pas difficile sur 61 kms...) et en choisissant les plus reputes (Union Mills, Ballaugh Bridge, Snaefell, ...). Et comme vous vous en doutez, on a fait chauffer les Nikon et Canon. J'ai 4x36 diapos et Michel 5x36 plus qq papiers. On montera un truc en commun et on fera une soiree grillade, projection, etc... Vous y serez bien evidemment convies, ceux qui peuvent. Au bout de quelques jours, le rythme etait pris : reveil tranquille, breakfast, courses, bouffe dans un coin, courses (les jours avec) et Bushy's et Tardy's (genre fromage et dessert) avec nos potes francais, re-rencontres le soir de l'apero des francais. Que je vous raconte ca. Donc le mercredi soir de la semaine des courses, il y a l'apero des francais qui se passe sur la promenade de Douglas a peu pres au milieu. Accueil chaleureux (c'est contagieux) et Pastis a volonte ! On en avait (de la volonte), ca tombait bien. Rencontres. Un gars de l'Indre qui roule en Ducati 916 avec une plaque d'immatriculation toute petite, a peu pres 7cm x 1,5cm. Genre tu la vois pas (on finira le sejour + ou - avec lui plus d'autres). Et aussi ce type de l'Est qui vient tous les ans en ancienne, cette annee une Terrot 350 (d'avant guerre sans doute) si je me rapelle bien (brouillard ce soir la ! ;-) dans son jus. Etc... etc... Bref, vers 1h30 du mat' on decolle Michel et moi, un peu emeches (moi, ca ne me gene pas, j'en n'ai plus, de meche :) et Michel part comme un derate avec moi a cote de lui qui ne parvenait pas a faire accrocher le pneu arriere sur cette putain de route mouillee, pendant 3 rapports. Je balayais, en quelque sorte. Depuis, Michel pretend a qui veut l'entendre que le Nort' a mis sa tanee au Zeph' a l'acceleration. Dans un sens il n'a pas tort... :-/ Pour une fois qu'il arrivait a faire passer "toute la puissance". Et puis, un autre soir (mais quand etait-ce ?...) il y a eu un beau feu d'artifice et d'autres jours on a vu les Red Arrows qui faisaient des acrobaties aeriennes. Et aussi ce jour ou on etait tellement creves que j'ai decide de faire la sieste sur une plage (ensoleillee, je precise) du Nord de l'ile et pendant ce temps, Michel, tout seul faisait le con en sortie de Ramsey et se faisait alpaguer par les condes pour exces de vitesse. Faut pas le laisser tout seul Michel, tout de suite il perd ses reperes ! 46 au lieu de 30 = 75 livres (630 balles), avec le sourire (pas le sien en tout cas). Ah ca fait serieusement monter le budget des souvenirs ca ! Et c'etait pas prevu. Quand j'y pense, il n'a pas eu de bol. A d'autres moments, on s'est retrouve a 5 ou 6 a plus de 100 km/h (le 916, le Triple, le Monstro, un Aprilia 250 RS, le Norton et le Zeph') dans les rues a l'entree de Douglas, sans qu'il n'y ait la moindre trace d'un quelconque Policeman. Mais que voulez-vous, le dernier arrive payait la tournee... Fins, les francais. Je dois vous dire tout de suite que ce n'est pas le genre de la maison ! Biensur, la tournee n'est pas si chere et d'ailleurs je ne sais plus qui l'a paye, etc... etc... (c'est l'aprilia. Oui !!!! Mais, il dira qu'il ne l'avait pas en main, que c'est une machine qui n'est pas adaptee a la circulation en ville, qu'elle est pas a lui) Et le temps a passe tranquillement, de course en pub jusqu'au Senior TT qui clot la serie. Il faisait tres beau, presque chaud, aussi avons-nous decide de nous mettre sur la "montagne" pour cette derniere. Or, impossible de joindre Bugalow (ou nous attendaient le Triple et le Monstro) a cause des routes bloquees ou il nous fallait faire un super-detour et aller prendre le petit train qui monte a partir de Laxey. Trop tard ! Par des petites routes on a fini par arriver a Snaefell c.a.d. juste en dessous, apres le sommet. Un bon point de vue. Pas aussi fort que Bungalow (tout en haut). Depart, attente et voila le premier. Je me penche avec le Nikon pour prendre la photo du siecle des qu'il passera dans le droite ou on est. Je l'entends, 5/1000 de seconde apres il est ENORME devant moi. Ai-je pense a declencher ? On verra. Apres, je me suis dis qu'il valait mieux ne pas trop se pencher sinon j'allais m'en prendre un en pleine poire... C'est Mc Callen qui gagne et Joey ne fait "que" 2. Il etait pas si bien "barre" au debut des 6 tours. C'est vraiment des cas ces types. Resultat, Joey Dunlop gagne 21 victoires au TT en 21 ans. C'est rond. Au dernier tour tout le monde levait les pouces sur son passage. Impressionant. Ensuite, le (sur)lendemain il y a eu une petite course sur le petit circuit (de route tjs) baptise Steam Packet Challenge je crois ou tournent les grosses pointures sur plusieurs categories (125+mono, 250+400, Senior) en tous ensemble, c'est a dire pas toutes les 10" comme pour le TT. Tres chaud aussi. Mais deja ca sent le depart. On a repris le bateau le dimanche matin pour Liverpool et de la direction Birmingham et le National Motorcycle Museum qu'on ne pouvait manquer sous aucun pretexte. Le retour Donc nous revoici en Albion, apres une traversee tranquille un brin nostalgique en Mer d'Irlande. Liverpool ! Here we are ! Toujours, le même bordel pour arriver a en sortir mais bon, Birmingham est devant nos roues, c'est le principal. Une anectode quand meme, la monnaie de l'Ile de Man est le Manx Pound a parite de la GBP, mais avec des pieces et des billets differents : on y voit toujours les 3 legs, embleme de l'ile. Sur l'ile, tu peux payer indifferemment en Manx ou en GB pounds. Par contre, en GB ils refusent a 99,9% les Manx pounds. Le but du jeu donc et (pour eviter de devoir aller changer a la banque sur l'Ile de Man avant de rentrer) de depenser au max ses derniers Manx Pounds avant le depart. C'etait mon cas, et je n'avais plus que quelques GBP quand j'ai pris le bateau Douglas-Liverpool. Manque de bol, en allant acheter de quoi bouffer, je me suis fais refiler 5 Manx Pounds sans m'en apercevoir pour la monnaie. C'est une fois a Liverpool que j'avise les 5 Manx Pounds. Biensur, ca fait 40 balles, y'a pas de quoi fouetter un chat (de Man). Mais les finances sont les finances et j'avais decide (et voulait m'y tenir) de me le faire cheap le voyage (ca coute de toute maniere !) et j'allais essayer de le refourguer ce bifton. Ce fut fait assez vite dans une station essence (pas cher l'essence **** : ~4,50F/l, mais le gasoil pareil et le unleaded un peu moins). La caissiere regarde le billet et me demande ce que c'est. Je fais le con et lui demande si c'est pas un ancien, ... ? Et a ma grande surprise, bien qu'elle l'ait retourne peut-etre 10 fois dans tous les sens, et les 3 legs sont en grands au milieu du billet, elle me dit qu'elle l'accepte, visiblement ne connaissant pas les billets de l'Ile de Man. Liverpool est la ville juste en face de l'ile et cette brave dame, caissiere de surcroit, ne connait pas cette monnaie. (je peux parler, j'ai habite a Paris je ne sais plus combien de temps et je ne suis JAMAIS monte sur la tour Eiffel). J'en revenais pas et courais presque a la moto pour partir avant qu'elle ne se ravise. Les moteurs ronronnent sur les Motorways et le National Motorcycle Museum se profile (de loins ca fait des petites pyramides) devant nous au milieu d'un immense parc d'expositions : le N.E.C. Le lendemain, on perdra une bonne demi-journee a trainer dans les 4 halls du musee plein a craquer d'a peu pres tout ce que l'industrie motocycliste britannique a produit depuis son debut. Avec une mention speciale pour les machines avant-guerre. Il y en a plethore. Par contre, mes preferees des annees 60 et 70, moins. Mais il y a quand meme de quoi etancher sa soif avec quelques prototypes (Triumph 4 cylindres, Norton a moteur Trident, etc...) et des machines de courses exceptionnelles (le Norton rotatif qui a gagne le TT en '92 ou le Streamliner Triumph des records de vitesse sur le lac sale, etc...) On ne voit pas le temps passer et il est meme possible d'acheter des T-shirts, mugs, et autre pin's au magasin du musee. Une bonne librairie aussi. Re-motorways pour grouper Portsmouth d'ou on attrapera le soir, a sec (juste une petite mousse dans un Pub, quand meme, en raclant le fond des poches pour sortir les dernieres livres), le ferry pour Ouistreham. Sur le quai, hormis nous : Un Guzzi Calif' 3, puis une Velocette 350 KSS qui descendait dans le Perigord (peinard l'ancien, je voudrais etre a sa place tiens !), et ensuite un Triumph T140 (Bonny 750) de Londres. Un bonne nuit de sommeil (bien courte a cause du rattrapage du decalage horaire) et revoila la conduite a droite. A 6h30 : Feu ! Michel decide de rentrer peinard, il ne reprend pas le boulot de suite et moi j'enquille les nationales aussi vite que possible pour arriver au plus tot a Toulouse. RAS, les nationales francaises sont egales a elles-meme et c'est a 17h30 que j'arrivais chez moi et retrouvais ma petite famille. Au fur et a mesure de ma descente, j'enlevais les pelures. De 4 au depart (et j'avais preques froid dans ma polaire) je serais bien arrive a poil tellement il faisait chaud (deja a partir de Tours, mais dans le troncon Cahors-Toulouse ca cognait comme en plein Juillet. Le goudron ressortait sur la route). Et voila. 4500 bornes (un millier sur l'ile), le budget ? Euh, j'attends un peu, faut pas se faire peur ! Mais je vous dirais quand j'aurai l'approximation sofres. Michel m'a deja parle de 7000 balles tout compris mais il a craque pas mal sur les T-shirts, et autres co<beep>ries, moi pas du tout (et j'ai bu a peine plus que lui. D'ailleurs, a 1,70 la pinte ca reste raisonnable). Plein de diapos (pas toutes bonnes). Et surtout des souvenirs pour quelques annees. J'y retournerai peut-etre mais pour le Manx GP cette fois. Des amateurs ? Les becanes ont ete tres correctes, surtout le Norton qui avec ses seulement deux pannes nous a fortement surpris. Il fuit evidemment au moins autant qu'au depart (on n'est pas alle a Lourdes, nuance) et Michel a la tatane droite bien graissee (peut pas interchanger les bottes, c'est dommage) : nominal. Le Zeph' a ronronne tout le temps, j'avais juste mis une dent de plus au pignon de sortie de boite (pour tomber 500 tours) et des repose-pieds avances sur les pare-carters tres pratiques dans les longs droits (Motorways) pour deplier les jambes (trop pliees sur cette becane) et relaxer. On se serait crus dans Easy-Rider dans la plaine de la Bauce en montant sur Paris (sauf la fin...)
- Manu |
1996 : La Normandie en duo sur un Sportster Vendredi, 13 heures ; ma fille de 2 balais est casee chez ma mere de 75, elles s'entendent tres bien toutes les deux et j'ai jusqu'a dimanche pour faire decouvrir les charmes de la Normandie et du voyage a motocyclette a mon epouse. Celle-ci est chinoise, petite (1m55) et pas trop enorme (48 kg). Moi, c'est plus pres des 85 kg pour 1m75, mais je n'ai pas de merite : je m'entraine depuis tres longtemps a la cote de boeuf, a la fondue bourguignonne, au Volnay et a la Budweiser pour parvenir a ce profil harmonieux qui me vaut tant de succes... :-))) Premiere constatation : L'emplacement passager sur la selle du Sportster ne permettrait pas d'emmener une jeune femme de mon gabarit. Remarque, d'un sens, ca tombe bien, quans elles me ressemblent trop, elles m'interessent beaucoup moins. Deuxieme constatation : Les ricains sont tres forts. Ils ont cree des valises en cuir (a tout de meme plus de balles 5000 la paire !) specifiques au modele XL, et se sont arranges pour que ces valises genent l'utilisation des repose-pieds passager ! Pour que la passagere atteigne ceux-ci, il faut en effet qu'elle appuie avec l'arriere de son jarret pour faire reculer un peu les valises, puis qu'elle coince les repose-pieds dans l'encoche de ses talons, retenant ainsi les sacoches et ses jambes ! Tres forts, vraiment ! On se demande comment ces memes mecs ont pu inventer aussi l'Electra Glide et la Cadillac... Le depart se passe plutot bien, l'ensemble passagere + valises pleines ne doit meme pas approcher 90 kg et n'a que peu d'influence sur la maniabilite de l'ensemble mobile ou sur la peche du moteur. Je connais deja la partie pilote de la selle anatomique du Sportster. C'est une reussite complete quant a la forme. Parfaite, vraiment rien a dire. Tu es bien cale et la passagere n'empiete pas sur ton espace reserve. La mousse, par contre, offre la meme douce fermete qu'un banc d'eglise et les suspensions se rapprocheraient assez du prie-dieu pour ce qui est du confort et du debattement offert. :-) Ce voyage va donc s'apparenter a une retraite monastique. :))) Enfin, pas pour tout, hein, pour une fois que la gamine est pas la, j'ai la ferme intention de profiter des chinoiseries que... mais c'est pas le sujet ! :-))) Nous voila donc partis sur la N 12 jusqu'au premier plein : 150 km. Ah ouais, y a pas beaucoup d'autonomie, 160 km avant de passer la reserve et encore 20 ou 30 apres. Mais c'est pas grave, parce que ca permet a la passagere de s'habituer au confort nouveau pour elle. Ohlala, t'aurais vu cette pauvre petite descendre de la moto a la premiere station, les jambes encore pliees, les fesses en marmelade et le dos en compote... Elle implorait que je lui fasse un massage reparateur ! Tiens, je le savais bien que j'allais pas m'ennuyer... :-))) Et en plus, elle trouvait bizarre d'avoir la tete ballotee dans le vent a 140 km/h, enfin, je dis 140 mais je sais pas bien, parce que c'est le regime ou les aiguilles des compteurs entrent en vibration exactement sur la meme frequence que les vitres qui sont au-dessus, ce qui fait que tu ne vois plus rien du tout jusqu'a 150 ou ca se restabilise (un peu) ! :-))) Et puis, en Chine, forcement, y a pas beaucoup de motos, et y a encore moins de routes ! Tout est interdit la-bas, ou alors c'est obligatoire. :-) Alors, 140, ca l'etonne, la pauvrette, surtout les accelerations forcenees qui menent jusqu'a cette vitesse, pas comme le metro, quoi. Bon, pour la suite des evenements, je prendrai des petites routes a pas plus de 120-130.
Et effectivement, la suite du trajet se poursuit sur les petites nationales et les departementales moyennes au travers de l'accueillante Suisse normande. 120-130, c'est vraiment pas vite, hein, ben on double tout le monde ! Je comprends pas. Passe encore pour les caisses et les caravanes, mais les touristes teutons en ZXR 750 et 900 Digestion, les anglais en VX 800 et en Moto Guzzi Rillette... Je comprends pas. J'en suis pas encore revenu, faut croire que les tardmos de maintenant avancent plus quand ils sont en vacances. A chaque arret essence ou pipi, je nettoie mes Climax des moucherons ecrases et je me gargarise pour enlever ceux qui sont restes coinces dans ma glotte. C'est que c'est degueulasse, la campagne. Des bouses partout sur les routes et des nuages d'insectes qui s'ecrasent sur toi en permanence. A Paris, c'est beaucoup plus propre ! :-))) Nous arrivons a Granville dans le milieu de l'apres-midi, je dois y retrouver mon ami d'enfance qui passe ses vacances en famille au bord de la mer. C'est terrible, les cotes de la France. Tous ces gens qui s'agglutinent tous en meme temps et au meme endroit ! Jusqu'a quarante bornes a l'interieur des terres, il n'y a pas *une* chambre de libre. On dormira donc chez mon pote qui placera ses gamins chez ses parents pour la nuit. Mon epouse est assez secouee, elle a passe son temps a chaque arret a faire des mouvements d'assouplissement et a regarder avec consternation son visage macule de jus de moustiques de toutes les couleurs. Ca doit etre ca, le brassage de races dont on nous rebat les oreilles a la radio... :-) Le soir, apres un excellent repas au Casino et selon une tradition commune a beaucoup de pays :))), nous laissons les femmes ensemble et partons visiter les lieux de perdition locaux. Oh misere ! La muflee ! Bon, pas de melange, que du Jack Da, mais quand meme... Je me rappelle que le matin, sur le coup de cinq heures, je cherchais une etude de notaire ou une officine du Tresor Public pour soulager ma vessie ! Ben eh, je vais pas aller pisser le long d'une cabine Decaux, y m'ont rien fait ces gens la... :-))) Le depart de Granville le matin est assez laborieux... :))) C'est surtout que les verticales ne le sont pas du tout dans cette ville et que tous les murs ont tendance a bouger. :-) Enfin, ca se tasse apres le premier cafe, mais c'est bizarre comme endroit...
Cette fois, la balade nous emmenera au large du Mont Saint Michel (pas question d'en approcher a cette epoque) puis, par des petites routes, jusqu'aux Alpes Mancelles qui valent bien la Suisse Normande pour les paysages et le calme offerts. Ah ! Saint-Pierre-des-Nids, Saint-Leonard-des-Bois... Si vous avez l'occasion, allez faire un tour dans le coin, c'est a 25 bornes d'Alencon et c'est vraiment super. Bon, j'aime quand meme mieux Carmel et Big Sur en Californie, mais des fois, en un week-end, on n'a pas toujours le temps... Le Sportster se comporte tres bien, il enroule tout a 2 000 tours sur les routes a graviers et gronde rageusement a 4000 des que le revetement devient plus accrocheur. Cette moto est reellement une invitation au plaisir. Elle tient correctement par terre, freine beaucoup mieux que tres bien et permet de vraiment comprendre les expressions "couple de locomotive" et "ppp a tous les etages" (peche patate puree).
Apres de nombreux kilometres dans les Alpes Mancelles, nous dormons a Alencon. La passagere est fourbue, moulue, pliee, crevee, ankylosee, aneantie... Faut dire qu'elle a pas l'habitude, c'est son premier voyage d'importance a moto et elle n'a pas choisi vraiment le pullman (je porte des tee-shirts ete comme hiver) :-). Le lendemain matin, nous allons nous promener autour du Mans et passons voir un pote a moi qui vit pres de Remalard, bien qu'exercant son metier de professeur de mecanique moto dans la banlieue parisienne. C'est alors que la H-D subit son premier incident du voyage : le retroviseur gauche se dessert et il faut se livrer a une intervention d'urgence sur le bord de la route qui dure au moins deux minutes (le temps de sortir les outils). La sortie de Remalard est ponctuee d'une tres longue enfilade de courbes en foret qui vaut largement la cote des dix sept tournants, avec le milieu de la chaussee tout moussu par endroits et les bas-cotes pleins de feuilles. C'est Manu qui serait content de connaitre cette route, lui qui aime bien les belles trajectoires ! :-))) Plus tard dans la matinee, je fais un arret obligatoire vers Nogent-le-Roi sur la tombe de mon gamin et nous rentrons a Paris par des routes minuscules que je connais par coeur pour les pratiquer depuis trente ans (deja sur mon Solex, tout petit...). Je remets un demi-verre d'huile lors du dernier ravitaillement pour etre poli et par acquit de conscience, parce que le niveau n'a pas vraiment bouge. Pour ce qui me concerne, les kilometres commencent a se faire sentir et j'ai un peu de mal a supporter la pression de l'air au-dessus de 130. La passagere s'est un peu habituee a son sort et ne se plaint plus, en tous cas beaucoup moins qu'au debut. Mais y a pas a dire, les flat-twins RT avec le carenage integral Touring, c'est quand meme beaucoup plus confortable que les Sportster des qu'il s'agit d'enquiller des kils un peu serieusement. Sur le Pont de Puteaux, la H-D fait une nouvelle colere gravissime : elle pete une ampoule de clignotant ! C'est bizarre, ma 1340 precedente me semblait vibrer plus et elle n'avait jamais rien casse de ce cote. Le bilan mecanique du periple s'etablit donc a un retroviseur desserre et a une ampoule de clignotant grillee. Pas de pot d'echappement perdu, pas de garde-boue fendu, pas de reservoir fuyeur, pas de projections d'huile, pas de cadre dessoude, pas de bielle dans le sac, meme pas une amorce de serrage ! Tout se perd ! Du temps des anglaises authentiques et des japonaises a deux-temps, les week-ends avaient plus le gout de l'aventure. Tu vas voir, encore dix ans comme ca et on va dire qu'Harley-Davidson fait des mecaniques aseptisees. :-)))
- Olivier |