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Essai Kawasaki W 650 par Olivier "Becanosaurus Rex" Hermon |
Le tout premier modèle 99 de la W 650, avec son grand guidon bizarrement réservé à l'Europe
La W 650 est très difficile à obtenir pour sa première année d'existence. En effet, lors de sa présentation à la fin de 1998, les différents importateurs n'ont pas cru à cette moto et en ont commandé des quantités ridicules (souvent de l'ordre de la centaine) ; par la suite, la presse s'est emballée pour la "Bonnie Light" et les importateurs de moto ont révisé à la hausse leurs prévisions de vente, mais hélas beaucoup trop tard : entretemps les usines Kawasaki s'étaient déjà mises à fabriquer de la 750 ZR-7 à tours de bras et il n'était pas question de tout bouleverser.
Cette machine ne sera donc pas un grand succès commercial en 1999, faute de production suffisante.
La si jolie W 650 sur le Pont-Canal de Briare pour sa première sortie
Dès le premier contact, la ressemblance de cette machine avec les twins anglais de la grande époque est frappante. L'architecture du moteur bien sur, mais aussi les pots saucisson, la fourche peinte en noir, les amortisseurs avec un cache, le phare et les garde-boue chromés, la selle toute plate avec son liseret blanc, le bras oscillant avec ses embouts manchonnés, tout évoque une production britannique aujourd'hui disparue.
Le calage à 360 degrés du moteur (les deux pistons montent et descendent en même temps) et ses cotes longue course lui donnent évidemment un bruit et un comportement tout à fait "authentiques", bien que le souffle des échappements soit assez discret et que le balancier d'équilibrage empêche la roue AV de sautiller sur place au feu rouge, comme sur les vraies Bonnie. :-)
Cependant, ce balancier évite aussi de perdre chaque week-end les pots d'échappement, la boîte de vitesses, les garde-boue, la batterie, le feu AR et diverses autres pièces que certaines anglaises ne se privaient pas de semer au long des kilomètres...
Sur la route, la W 650 est légère et très facile de prise en main, évidente même. En aucun cas on ne peut soupçonner qu'elle pèse tout de même 215 kg avec les pleins.
Ses suspensions souples s'écrasent une peu et dans certains virages à gauche la pointe de ma chaussure touche quelques fois, alors que j'ai pourtant passé l'âge de faire le zazou. :-)
Son moteur est très sympa : plein à bas régime, tout de bonne volonté pour reprendre à 2 000 tours dans un grondement typique, même en cinquième.
Elle a vraiment conservé l'esprit des anglaises telles que je me les rappelle mais celui-ci a été enveloppé dans un cocon de modernisme qui en fait disparaître tout le côté rugueux et la partie la plus sauvage. Une gentille moto, très agréablement civilisée et possédant malgré tout un certain caractère.
Longue course calé à 360°, le moteur de la W 650 dispose aussi de 8 soupapes, d'un balancier d'équilibrage et d'une luxueuse distribution par couple conique.
De plus, cette moto est joueuse et dispose d'une bonne partie cycle. Elle ne rechigne pas à décoller des deux roues au changement d'angle sur un passage à niveau par exemple, faisant cela très naturellement, en tortillant de contentement à la retombée. Exactement comme celles qui ont inspiré sa création.
Sur une belle Nationale viroleuse du Sud de la France, elle évoque aussi celle qu'elle n'est pas en penchant avec entrain et en se balançant très naturellement, tout en faisant vrombir de contentement son vertical twin dans les montées, dans un grondement à coup sur très évocateur. La encore, on s'y croirait.
Comme il se doit, le frein AR à tambour sert juste à asseoir la machine sur ses suspensions afin de rester dans le ton nostalgique, mais le disque AV à pince 4 pistons est tout à fait moderne et efficace.
Elle distille réellement pas mal de plaisir sur la route et se fait aussi remarquer quand elle s'arrête :
les gens demandent combien d'années elle a, si ça fait longtemps que les japonais ont arrêté de produire des motos comme ça, la félicitent pour son magnifique état collection, enfin, toute cette sorte de choses, quoi... Elle est toute fière d'attirer les regards, la jeune W qui se déguise en grand-mère. :-)La vitesse de croisière à 5 000 t/mn est de 140 km/h au compteur (très optimiste), ce qui est bien suffisant pour profiter du plaisir motocycliste ; à cette allure, la consommation s'établit à un tout petit peu plus de 6 litres aux 100 km.
Elle a un démarreur électrifique, mais elle peut aussi partir au kick, comme les vraies.
Très jolie et pleine de classe, cette W 650 est beaucoup plus qu'une imitation au rabais. En effet, si Triumph n'avait pas cessé ses activités dans les années 70, cette firme aurait sans doute produit tôt ou tard une Bonneville moderne et fiabilisée qui aurait été très proche de cette japonaise. Hélas, au lieu de ça, les repreneurs de la marque ont préféré sortir des multicylindres à refroidissement liquide.
Lorsqu'après une balade je regarde le soir ma W en prenant l'apéro, immanquablement ce qui me surprend le plus est le graphisme Kawasaki à l'arrière de la selle. :-) Sans cette marque de fabrique incongrue, en contemplant son petit cul magnifique je serais persuadé d'avoir une vraie Bonneville dans mon jardin !
N'est-ce pas le plus beau compliment qu'on puisse faire à cette Bonnie Light ? :-)
Kawasaki W 650 Caractéristiques techniques
- Moteur
- Distribution
- Cylindrée
- Rapport volumétrique
- Puissance, couple maxi
- Alimentation
- Lubrification
- Mise en route
- Allumage
- Boîte de vitesses
- Embrayage
- Transmission secondaire
- Cadre
- Angle de colonne / chasse
- Suspension avant
- Suspension arrière
- Frein avant
- Frein arrière
- Pneus
- Hauteur de selle
- Empattement
- Garde au sol
- Essence
- Poids avec pleins
- Répartition
- vertical twin à 360°, 4T, refroidi par air
- arbre et renvois d'angle, ACT, 8 soupapes
- 675 cm3, alésage 72 x course 83
- 8,6 à 1
- 50 ch à 7 000 t/mn, 5,7 m/kg à 5 500 t/mn
- 2 carburateurs Keihin CVK 34 à dépression, K-tric
- carter humide
- kick et démarreur électrique
- électronique transistorisé
- à 5 rapports
- multidisque en bain d'huile, commande par câble
- par chaîne, braquet 15 x 39
- double berceau en tubes d'acier
- 26,5 degrés / 105 mm
- télescopique déb. 130 mm, diam. 39
- combinés réglables à 5 positions, déb. 105 mm
- disque 300 mm, étriers 4 pistons
- tambour simple came 160 mm
- 100/90x19 AV et 130/80x18 AR
- 800 mm
- 1 450 mm
- 125 mm
- 15 l, dont réserve 3 l
- 215 kg
- 45,3% AV, 54,7% AR
Performances (MJ 1376 du 20 mai 1999)
Vitesse maxi 174 km/h (200 compteur) 400 m DA 14"0 (149 km/h) 1000 m DA 27"6 (165 km/h) 60 à 90 km/h en cinquième 5"3 90 à 130 km/h en cinquième 8"6