Au milieu du mois de mai 1998, j'étais en congé
et je me suis concocté un parcours de 5 000 km sur une petite semaine,
moitié en voiture moitié à moto. La première partie se passait au volant d'une Mercedes-Benz E 280 mod. 98 Elegance avec le nouveau V6 de 200 chevaux et de la vraie ronce de noyer partout à l'intérieur ; la deuxième sur une Harley Electra Glide Ultra Classic FLHTCUI mod. 98 aussi, mais complètement stock avec 50 ch roue AR. Ah ben eh, quand je roule vraiment je donne dans le haut de gamme, moye ! :-) Mais aucun des deux véhicules ne m'appartenait, hélas. |
Une balade de 200 km au matin, sur la côte
et dans l'arrière-pays, m'a convaincu que cette région de
la France semble tout à fait vivable. Pas si jolie que Monterey ou
Carmel (CA), mais sans tremblements de terre. Pas si ensoleillée
que Scottsdale (AZ), mais sans le sable dans les roulements de roue et les
50 degrés pendant l'été. :-) |
Le lendemain, j'ai mis gaz sur l'autoroute via Bordeaux
jusqu'à Paris, que j'ai rallié en 6 heures 30 à 155
km/h constants (3 200 t/mn, avec zone rouge à 6 000 ou 6 500, je
sais plus...), tout au cruise-control sans aucun mal de tête ou mal
au cul ni rien. Incroyable... Au début de cette étape, j'ai même fait cent bornes tout le temps au-dessus de deux cents km/h ! Des lustres que ca m'était pas arrivé, dis-donc ! :-) Depuis l'instauration de la limite de vitesse et l'avènement des radars, quasiment. Juste après le premier péage, j'ai commencé à enquiller 200-210 en travaillant tout à la pedale de gaz ; les filles dormaient, j'étais seul avec ZZ Top en fond sonore. Au bout de trente bornes à faire attention aux véhicules que je dépassais et à ce qui pouvait surgir (l'habitude de la tome), je me suis dit que j'étais con de conduire cette voiture de prestige comme si c'était une vulgaire 406 et j'ai enclenché le cruise-control à 210. Inimaginable les sensations que ça peut faire quand on est habitué a la moto ! |
Y a pas photo. Le vent siffle en permanence, l'échappement
te chauffe la cuisse droite, y a pas l'air conditionné, y a même
pas le compartiment réfrigéré pour les canettes ! :-) Et en plus, ca rame comme c'est pas permis. Eh, on parle dans l'absolu, la... J'te rassure, ma Harley à moi est très rustique, elle n'a même pas de saute-vent et fait mal au cul et je m'en accomode très bien. :-) (mais elle rame nettement moins...) Sur la grosse moto, après, tu t'habitues aux changements par rapport à la berline de luxe ; y a les réflexes tardmo qui reviennent, et puis cette machine a quand même 160 W de musique et te permet de faire cinq cents bornes d'une traite sans avoir mal nulle part, un peu comme la limousine. Mais n'empêche... Je reconnais humblement et objectivement que pour aller vite d'un point à un autre par l'autoroute dans un confort optimum, eh ben, le summum de la moto grand tourisme se fait enfoncer grave (mais alors, grave de chez grave...) par une voiture équivalente. Ca m'empeche pas de continuer a préférer la moto, j'te rassure. :-) L'idée - avec l'Electra - c'est de faire un comparatif (pour le MJ HS-Harley d'août 98) d'un moteur injection standard avec un modèle équipé d'un Stage II donnant vingt chevaux de mieux pour moins de Balles 10 000 de plus. |
La moto continue sa route comme une locomotive,
elle ne ralentit évidemment jamais ; il faut à peine corriger
du bassin les rares dérives. Mais alors, ou c'est à pisser
de rire, c'est quand tu vois la tête des gens en caisse qui doublent
une moto avec un passager mais qui est conduite par l'homme invisible !!
:-)))))) |
Elle apporte la vision panoramique, les odeurs, l'air
dans la figure et SURTOUT la liberté ! J'avais constaté le
matin qu'elle etait capable d'aller très vite (si si, j'te le garantis,
même si tu y crois pas...) sur des nationales ou des départementales
viroleuses. Sur ces routes carrément minuscules, elle enroule en
décontraction dans un confort absolu. A des années-lumière
de l'efficacité et de l'amusement d'un trail léger, certes. Mais ELLE LE FAIT ! Meme qu'un moment, j'ai retiré le blouson de cuir (la chaleur) et le casque (la musique... :-) ) pour mieux profiter de mon cruising à 60 à l'heure sur des routes complètement désertes. J'peux te l'avouer, ca m'arrive très rarement d'avoir envie de rouler sans casque. Sur cette moto-salon musicale, un pied... J'te raconte pas. :-) En fait, je crois que le jour où je m'achèterai une grosse H-D, ca sera pas la Road-King mais l'Electra Glide. Quitte à plonger dans la démesure, autant y aller franchement. :-) |
Le rock n'roll avec le nez au vent, c'est un plaisir
de la moto qu'on ne soupconne pas tant qu'on ne l'a pas essayé !
Moi-même, c'est la première fois que je fais un grand trajet
(2 000 km, deux nuits hors de la maison) avec une Ultra... La première fois, quand j'en ai pris une début 97, je voulais pas entendre parler du radio-K7 à moto. Pffff... Un truc de dégénérés. Presqu'aussi obscène que les traits de feutre ! :-))) Eh ben, j'peux te dire que j'ai largement révisé mon jugement depuis ! |
Y a quand même une circonstance particulière
où les Harley Touring de 350 kg + à sec sont * DANGEREUSES
* : c'est quand tu attaques des grandes courbes relativement serrées
"vite", c'est à dire 140-150 km/h. Faut pas couper, faut
pas freiner, faut pas changer de trajectoire pendant la phase d'inclinaison
!! Sinon, le machin se met en transes facon mi-saucisson mi-rodeo avec l'arrière
qui finit par décoller à chaque ruade au point que tu te dis
"la, j'm'y mets" ! :-( |
Mon dieu que cette moto est aboutie ! C'est l'engin
absolu pour découvrir du pays en toute décontraction et t'attirer
la sympathie de tout le monde. Olivier - Ride-to-Live Live-to-Ride |