Malheureusement, son remontage
n'avait pas été très soigneux : elle était
par exemple équipée d'un compteur de K0, avec un
compte-tours de K1 et une platine de voyants de K2 (faisant d'ailleurs
double effet avec les témoins qui étaient à
l'intérieur des cadrans, au grand dam du faisceau électrique). Sa coque de phare noir mat avec ses pattes chromées laissait planer un doute sur son âge, alors que ses rayons rouillés et ses jantes un peu passées lui donnaient un air plutôt négligé, de même que sa peinture encore en bon état d'usage mais qui avait connu des jours meilleurs. Proposée à un prix de 25 000 F, elle n'était pas une mauvaise affaire mais ne correspondait pas à la définition que je me fais d'une belle moto, d'autant qu'en devenant mienne elle allait devoir partager le garage avec mes deux Harley rutilantes ; il n'était pas question de la laisser ainsi à l'abandon. On était à la mi-octobre 2001... |
Parallèlement,
il est décidé de procéder au remplacement
des rayons des deux roues qui ont un aspect vraiment rébarbatif.
Dès le démontage de la roue AR, il apparait que
les amortisseurs de transmission sont usés ou manquants.
Petit problème : les rayons existent sur le catalogue
Honda, mais plus les blocs amortisseurs en caoutchouc. Je vais
découvrir la joie de la pêche aux références
inexistantes chez les spécialistes des pièces introuvables,
et ce n'est qu'un début. :-) Une tentative de mise en route du moteur dévoile un fonctionnement très irrégulier qui provient à coup sur des pipes d'admission craquelées qui sèchent sur les carburateurs depuis des années. Qu'à cela ne tienne : nous passons commande de ces pipes chez Honda en attendant les rayons et le retour de peinture des pièces qui ont été démontées : phare, pattes de phare, réservoir, caches latéraux. Ces pièces reviennent, d'ailleurs, et presque au jour promis par le peintre mais malheureusement celui-ci s'est lourdement planté ! Le phare est jaune, le réservoir affiche diverses nuances d'orangé et les filets noirs sont très baveux. Un travail inacceptable, et pourtant ce peintre est connu de mon nouveau copain motociste. Pas grave... On trouve un deuxième peintre et les pièces repartent chez celui-ci. Je dois dire qu'à ce moment j'hésite très sérieusement à faire repeindre cette moto comme les vraies Motocyclettes : un noir uni très simple à réaliser. Entre-temps, nous recevons les jeux de rayons neufs et commençons à imaginer la fière allure qu'auront les roues une fois remontées. Justement... Pour que cette allure soit parfaite, ne conviendrait-il pas de faire re-chromer les jantes afin qu'elles ne jurent pas avec les rayons tout neuf ? Si, bien sur. Et puis polir les moyeux, aussi. On n'imagine pas des jantes et des rayons rutilants autour d'un moyeu en aluminium un peu piqué, n'est-ce pas ? Et me voila plongé cette fois dans le milieu des chromeurs-polisseurs, décidément cette moto me fait découvrir plein de choses. |
Le gars te regarde avec
des yeux ronds (enfin, ça c'est quand il a déja
entendu parler de K 81) et te répond que ces pneus la
ne se font plus en te laissant sous-entendre par la même
occasion qu'il n'est pas antiquaire et que tu fais limite tache
dans son beau magasin moderne plein d'accessoires en carbone
à traits de feutre. Je finis par trouver mon pneu AR et les jantes chromées finissent par revenir avec leurs moyeux polis. Il ne reste plus qu'à trouver des fonds de jante ("Mais mon pauv' monsieur, ca se fait plus ca : maintenant on met du scotch américain") et à installer les rayons... Ah, tiens ? Il en manque cinq. Ah bin ca c'est bizarre, hein. Voui, pis c'est bête, aussi, qu'on n'ait pas pensé à les compter dès leur réception, hein... :-) Commande expresse chez Honda (48 heures) et le grand jour arrive : Marcel rayonne les roues, je les porte ensuite avec les pneus chez un monteur espécialiste et... ah bin ca par exemple ! Pas moyen de les équilibrer. Qu'est-ce qu'il se passe-t-il donc ? Eh oui. Le chromeur a sablé le métal avant d'officier, et les roulements n'ont pas du tout aimé les grains de silice. Oh, je le savais que ca allait se passer comme ca, et Marcel aussi : c'est normal qu'un travailleur du métal décape avec des produits abrasifs. Eh bin on s'est quand même fait avoir comme des bleus. :-) Pas de problème : cet intermède amusant me permet de découvrir une boutique qui vend des roulements pour moins de 50 francs l'unité. |
Ma peinture est une classique métallisée
mais je suis quand même très content du résultat. Je passe sur les recherches innombrables de pièces diverses (en général à l'autre bout de Paris), le spécialiste des pièces introuvables qui n'ouvre que deux matinées par semaine, les ajustements de la béquille latérale qui était faussée, le pinaillage sur les vis plus ou moins rouillées ou plus ou moins d'origine, la découverte de la vétusté des conduits de caoutchouc entre les carbus et le boitier de filtre à air (ils sont en commande à l'heure où j'écris ces lignes), la difficulté de l'équilibrage des carbus qui s'en suit, la largeur de la chaine a joints toriques incompatible avec le carter de chaine d'origine, la recherche à ce jour infructueuse du porte-plaque d'immatriculation ainsi que de vis de carters modernes, le changement restant à opérer de deux carters latéraux bêtement chromés par un précédent propriétaire, des ratés occasionnels encore récalcitrants dans le cylindre extérieur de gauche, deux ailettes à réparer et encore une dizaine d'autres menus détails à régler. :-) |
4 décembre 2001 |
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4 décembre 2001 |
Je suis positivement ravi mais pas prêt de me relancer dans une entreprise pareille ! :-) |
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25 000 F |
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